Ma première expérience de bénévolat remonte à l’enfance. Chaque année, je devais distribuer avec ma sœur les enveloppes du denier du culte pour le prêtre de notre paroisse. Je vois encore ces enveloppes orange qu’il fallait donner aux habitants du village. J’avais beau savoir que c’était pour aider mon curé que j’aimais beaucoup, je détestais faire cela. J’étais une petite fille très timide et le simple fait de devoir sonner aux portes me mettait dans des états pitoyables.
J’ai heureusement pu dépasser cette peur-là et j’ai connu ensuite d’autres types d’engagements. Je me suis présentée comme présidente de la crèche parentale de Sainte-Marie-de Ré où mon fils grandissait. J’ai participé à des collectes pour la Banque alimentaire à Marne-la-Vallée. J’ai pris un peu plus tard un poste dans une association de commerçants à Perros-Guirec « Vivre à Trestraou ». A Granville Terre et Mer, j’ai découvert une autre expérience bénévole : la création de l’Office du Tourisme Intercommunal.
L’année dernière, j’ai intégré deux associations, Les Visites Sourires et le S.A.G de GTM (Services d’Actions Gérontologiques) pour visiter des personnes âgées. C’est ma plus belle expérience à ce jour.
Qui sont les bénévoles en France ?
En France, selon une étude réalisée par France Bénévolat et le crédit Mutuel :
« 20 millions de personnes, soit 38 % de la population des 15 ans et plus, donnent du temps gratuitement pour les autres ou pour contribuer à une cause, maintenant, dont 13 millions dans une association. »
Les médias décrivent souvent les retraités comme des « poids » pour la société. En tant que socio-professionnelle à l’office de tourisme de GTM, j’y ai vu de nombreux élus. Certains étaient des actifs mais beaucoup étaient des retraités. Ce sont eux qui animent les conseils municipaux et font fonctionner les communes. Leur expérience est une vraie richesse pour les habitants qui n’ont pas le temps de s’engager ni le goût non plus. Dans ce cas, l’expérience est un atout alors que dans d’autres, elle est perçue comme dépassée…
Dans ma région, ce sont les retraités qui organisent les collectes de sang, qui rangent les objets que vous donnez à Emmaüs. Ils visitent les malades à l’hôpital, les personnes dépendantes dans les Ephad ou tentent de vous convaincre de donner des denrées pour les collectes des banques alimentaires (NB : prochaine collecte nationale les 26 et 27 novembre).
Malgré cette présence, l’enquête citée plus haut nous alerte sur un moindre engagement des seniors ces dix dernières années. Certains expliquent qu’ils consacrent trop de temps à leurs activités bénévoles au détriment de leur conjoint ou de leur famille, parfois c’est l’organisation même de l’association qui finit par les lasser. Être bénévole ne doit pas être vécu comme une contrainte.
Au sein des associations que j’ai rejointes, le C.L.I.C a mis en place un espace de parole, deux fois par an, pour échanger en présence de professionnels. Cela permet aux bénévoles de donner leurs retours d’expérience sur le terrain et d’avoir des conseils sur certaines difficultés comme gérer l’agressivité verbale d’une personne ou que faire si vous vous rendez compte qu’elle décline…
Sans accompagnement, ces visites à domicile peuvent être difficiles à supporter. J’ai toujours été très bien accompagnée par Edith, la coordinatrice des Visites Sourires.
Edith a d’ailleurs accepté de nous livrer sa vision du bénévolat :
« Le bénévolat une évidence pour moi !
Issue d’une famille très nombreuse, 13 enfants, dont je suis la 9ème, nos parents nous ont appris tout petits le partage. Malgré sa nombreuse famille, mon père qui exerçait en tant qu’architecte, trouvait le temps d’aller visiter une personne isolée dans le cadre de la Société Saint Vincent de Paul.
Adolescente, j’ai fait du scoutisme où l’on nous apprend à nous tourner vers les autres.
Puis, jeune maman dans le Nord, j’ai participé à la mise en place d’une garderie parentale deux après-midis par semaine. Nous nous relayions pour que les unes puissent prendre un peu de temps pendant que les autres distrayaient les enfants.
Lorsque nos 4 enfants ont été suffisamment autonomes, j’ai repris du travail dans l’immobilier (...).
Lorsque j’ai pris ma retraite, nous étions à Lille et j’ai voulu donner de mon temps, je suis alors entrée à la Société Saint Vincent de Paul (on retrouve la fille du père…). Là dans cette maison d’accueil de jour, nous étions à l’écoute des plus démunis, accueil, vestiaire et banque alimentaire. Les SDF, eux, étaient guidés par des assistantes sociales salariées, ils pouvaient prendre des douches sur place et un médecin bénévole les soignaient.
En 2012 mon mari et moi-même avons décidé de quitter le Nord pour s’installer dans notre maison en Normandie, près de la Haye Pesnel. Je me suis mise en recherche de bénévolat auprès des personnes en difficulté et j’ai été contactée par le SAG qui voulait mettre en place des visites à domicile aux personnes âgées, en situation d’isolement.
Ceci s’est concrétisé après plusieurs mois de réunions de travail avec des bénévoles déjà engagés et le CLIC qui nous a permis de créer quelque chose de solide. Nous avons démarré début 2014 avec une douzaine de bénévoles et aujourd’hui nous sommes environ 18 et assurons une douzaine de visites mensuelles. J’ai accepté d’être coordinatrice de cette structure et j’en goûte les joies des rencontres comme les difficultés propres à tout engagement »
Pourquoi s’engage-t-on comme bénévole ?
C’est une question difficile… pour ma part, j’ai été souvent présente dans des réunions où des bénévoles étaient nécessaires. J’attendais toujours que quelqu’un se dévoue, en regardant en l’air pour ne pas me faire remarquer… Mais, si personne ne se proposait, je finissais par craquer ! Ne pas trouver de présidente pour la crèche parentale en bloque tout le fonctionnement, c’était important, et j’ai pris ce poste pendant plusieurs mois. J’étais aussi très reconnaissante que mon fils ait été accepté, il n’y avait pas d’autres solutions de garde collective à l’époque.
Parfois j’aurais pu décliner certaines propositions plus reliées au monde professionnel. Pour être très franche, mon égo y était pour quelque chose. C’est agréable d’être sollicitée et reconnue pour une expertise. J’ai toujours trouvé du temps pour toutes ces activités mais au détriment de ma famille ou de mes loisirs, c’est vrai. Une vraie boulimique d’activités en tout genre !
Pour certains, s’engager est une seconde nature. Il semble naturel de penser aux autres avant de penser à soi et d’être utile surtout quand le temps de la retraite arrive. Il y a moins de pressions, les journées sont plus longues, cela occupe et permet de rester dynamique, ancré dans la société.
Pour d’autres, s’engager comme bénévole, c’est aussi pour briser leur propre solitude. Que l’on soit retraité(e) ou célibataire, participer à des réunions, des évènements, c’est une vraie bouffée d’air.
Pour trouver une association qui corresponde à vos valeurs, vous pouvez vous rendre sur le site internet de France Bénévolat ou sur le site « Jeveuxaider » créé par le gouvernement en mars dernier. Même avec le Covid-19, on peut prendre soin d’un proche, d’un voisin en prenant de ses nouvelles par téléphone ou en l’aidant à faire ses courses. Je m’y suis inscrite et je participe à la prochaine collecte pour la Banque Alimentaire près de chez moi.
Bénévole ? Je reçois, j’apprends !
Être bénévole dans une association, c’est apporter son savoir-faire, ses connaissances métier mais c’est aussi un formidable lieu de rencontres et d’apprentissages.
A chacun des postes occupés, j’ai énormément appris comme :
- Gérer les relations avec la presse locale, les maires, les collectivités,
- Développer un réseau,
- Créer des offres commerciales,
- Gérer des budgets,
- Faire des créations de supports de communication,
- Animer des réunions et faire des comptes-rendus,
Je suis toujours en relation avec des amies connues à la crèche, ou à « Vivre à Trestraou ».
Cela forge de belles amitiés car il n’y a pas d’enjeux dans une association, pas de salaires, pas de promotions. Mais si vous n’avez jamais participé à une réunion de bureau, vous avez raté quelque chose, c’est une vraie scène de théâtre ! Il y a beaucoup de partage, de fous rires et quelques coups de gueules aussi. Tant que le dialogue est présent, il y a toujours des solutions. Si ce n’est plus le cas, ce n’est pas un drame, on arrête, c’est aussi simple que cela.
Si on donne, vraiment, on reçoit énormément. Je ne peux que vous encourager à vous engager surtout avec les menaces que fait peser le COVID-19 sur les emplois, les commerces, les entreprises et l'isolement qu'il occasionne. Pouvoir offrir du réconfort à nos concitoyens dans la détresse, c’est un privilège. ll y a deux semaines, à l’EHPAD, la dame que je visite m’a dit en me regardant droit dans les yeux «Oh, vous, vous êtes gentille ! » et bien… cet échange vaut tout l’or du monde, croyez-moi.
J’espère que cet article vous interrogera sur la place que vous accordez dans votre vie au don de temps, d’expérience, d’amour. Je compte sur vous pour le partager autour de vous et de me faire part de vos remarques sur la page Facebook de Risaée 😊