Comme je vous l’avais expliqué dans l’article sur Facebook, j’ai rencontré Anne-Marie en décembre 2019 grâce à un des groupes de ce réseau social. Anne-Marie quitte la région lilloise en 1980 pour des raisons professionnelles et rejoint Paris. Aujourd’hui à la retraite, mue par un désir impérieux d’un retour en province, elle oriente sa recherche vers l’habitat participatif sur la Côte ouest. Comme je souhaitais initialement créer une résidence pour séniors, c’est dans ce cadre que nous avons démarré un échange.
Par manque de fonds, j’ai dû renoncer à la réalisation de ce projet, nous avons cependant continué à discuter sur Messenger. En mars dernier, elle m’informe de sa visite à Granville, tout naturellement, je lui fais découvrir la ville qui m’a séduite il y a huit ans déjà !
Anne-Marie murit l’idée d’un emménagement dans cette même ville, une évidence. DEMENAGER, un grand changement auquel elle se prépare activement. Aujourd’hui, c’est elle qui nous fait découvrir son parcours, ses réflexions, ses états d’âme.
Une vie à Paris
Anne nous raconte : « De 22 ans à 25 ans, j’occupe un poste dans le service comptable d’une entreprise agricole dans le nord de la France. Je m’y ennuie, je ne peux me projeter à long terme dans cette orientation et je démissionne.
Je me sens attirée par un métier où l’humain serait au cœur de ma pratique, l’agence pour l’emploi m’offre à cette occasion la possibilité de faire une formation de trois mois intitulée « Auxiliaire de la petite enfance ».
A son terme, après quelques mois de chômage, je m’intéresse alors à une annonce parue dans la presse régionale : une famille composée de trois jeunes enfants habitant le sud de Paris recherche une jeune femme au pair, le déclic de ma migration vers la capitale, le jour anniversaire de mes 26 ans.
En dehors d’un voyage d’une journée en classe de terminale à Paris, je ne connaissais rien de cette ville. Dans mon carnet d’adresses, il n'y avait que Jocelyne rencontrée lors de cette précédente formation. C’est sur cette base que je pars vers mon destin parisien pour une durée estimée à 2 ans. Finalement, j’y ai fait ma carrière, une aventure de 40 ans ! Cette expérience m'encourage à m'orienter vers une formation diplômante, éducatrice, un métier où je me révèle et que je pratique avec passion 30 années durant.
J’avoue, ma vie personnelle a été un peu mise à l’écart au profit de ma vie professionnelle qui m’a fortement intéressée. Ce métier faisait sens avec qui j’étais, chaque jour des questions, des réponses, de la curiosité, de la créativité, des remises en question... oui, je m’y suis engagée pleinement, sans regrets pour autant. Je n’étais pas réfractaire à une vie de couple éventuelle mais j'ai peut-être une personnalité trop autonome et indépendante. Mon cheminement personnel s’est construit sur la base du célibat, ce sentiment de liberté assumé avec ses avantages et ses inconvénients.
Pourquoi quitter une grande ville à l’âge de la retraite ?
J'ai toujours pensé que Paris était une ville intéressante pour une population active mais inadaptée pour les enfants et les personnes âgées.
A la retraite depuis trois ans, fidèle à ce que je pressentais il y a déjà 40 ans, je ne m’y voyais pas y vieillir. En atteignant l’âge de la retraite, l’énergie de cette vie trépidante ne me correspondait plus. Je mûrissais secrètement le désir de vivre dans une ville au bord de mer.
Le choix de Granville : une évidence.
Durant ma vie active, j’ai testé des environnements divers et variés : la campagne, la montagne, la mer, en été comme en hiver. Il y a une quinzaine d’années encore, la région du Sud-Ouest me séduisait. Il y avait la douceur météorologique, la beauté des paysages, la diversité des cultures maraîchères. Malgré tout, j'avais cette impression de m’y sentir étrangère, je n'avais pas de connivence avec l’énergie de ce terroir.
Il se trouve que j’ai passé une petite dizaine d’années au cours de mon enfance sur la côte d’Opale, une mémoire qui reste vive et qui se traduit par une sensation familière. Je me sens chez moi dans cet univers et j’ai alors orienté mes escapades vers ce milieu marin : en Charente, Bretagne, Normandie, Pas de Calais et les plages du Nord. Mon ADN restant celui d’une femme du Nord
J'ai eu un vrai coup de cœur, par exemple, pour Saint Valéry sur Somme. J’ai rêvé d'une petite maison de pêcheurs, voire même en faire une acquisition éventuelle. L’évolution des prix de l'immobilier ont fait fi de mon projet, et au fur et à mesure de l’âge, les paramètres changeaient, par exemple, l’accès aux transports en commun est devenu indispensable.
Je murissais tranquillement le projet de quitter la capitale, il se trouve qu’au détour d’une conversation, une amie m’évoque Granville. Je n’y suis jamais allée, elle m’informe que cette ville est desservie par le train. Entre temps je prends connaissance, sur le site des habitats participatifs, d’un projet à Granville d’une colocation pour seniors, un espace à soi et avec l’assurance d’un voisinage. Je m’applique à prendre des renseignements sur le projet prometteur de liens humains. Disponible pour envisager un déménagement et curieuse de connaître cette destination, je pars deux jours à Granville, début mars, accompagnée d’une amie et je fais la connaissance de Marie-Claire.
La quête active d'un logement
La magie opère, je me sens à la maison. Je programme un second déplacement pour avril, billets réservés, et stupéfaction, la crise sanitaire s’invite soudainement dans notre quotidien, confinée. Il me faut renoncer à ce séjour, je le reporterai à plus tard, mais l’évidence que je pourrais m’établir dans cette ville ne me quitte pas. Je décide de déposer une demande de logement en HLM.
C’est l’été, une météo caniculaire, l’air irrespirable, vivre à Paris devient difficile, inconfortable, et tout m’incite à ne plus hésiter sur ce départ. Je termine mi-septembre une formation, me voilà donc disponible et disposée à me mettre en recherche d’un logement sans attendre davantage une réponse des HLM.
Je consulte les sites immobiliers, les annonces sur le Bon Coin. L’une d’elles retient mon attention. Je contacte immédiatement le propriétaire. Le loyer s’élève au maximum de ce que je peux envisager avec ma pension. Il me donne rendez-vous un jour où j’avais prévu d’être à Granville, c'est-à-dire, une dizaine de jours plus tard.
Je ne sais pas pourquoi, j’ai l’intuition qu’il sera trop tard. Je lui propose dans la foulée de venir plus rapidement et je ne le regrette pas ! Ce logement est localisé à la croisée de la ville, de la mer et de la campagne. A quelques mètres, il y a un arrêt de bus et tous les commerces à proximité, je me projette dans ce nouveau logement avec enthousiasme.
Finalement, il a suffi seulement de quelques mois pour trouver le logement qui corresponde à mes attentes. C’est tout à fait stupéfiant, je vais habiter dans un lieu calme sans être à priori isolée. C’est à la fois exaltant et perturbant mais je suis prête pour tenter cette nouvelle aventure vers l’inconnu.
En attendant, je vais me consacrer aux démarches multiples à faire lors de cette situation, me partager entre Granville et Paris ce mois-ci. Je sais qu’entre le rêve et le réel peut survenir de la déception mais j’ai l’impression que je vais m’y plaire, vous le saurez dans un prochain épisode !!! »