Cette semaine, pour mon 10ème article, je souhaitais aborder le sujet des chutes à domicile.
J’ai appris que c’était la première cause de décès accidentel chez les séniors de plus de 65 ans. En découvrant les chiffres de Santé Publique France, j’ai aussitôt décidé de vous alerter sur cette situation. Dans mon cercle amical et familial, je connais plus d’une dizaine de personnes qui ont fait des chutes plus ou moins graves. La mère d’un ami est restée plusieurs heures par terre avant d’être secourue par le Samu.
En France, on dénombre chaque année :
- + 400 000 chutes chez les personnes âgées.
- 9 300 décès par an (2013/Source Santé Publique France).
- 76 000 hospitalisations pour des fractures du col du fémur chaque année.
Selon les données EPAC (Enquête Permanente sur les Accidents de la Vie Courante) en 2010, 85% des recours aux urgences pour accident de la vie courante chez les 65 ans et plus étaient dus à une chute. Cette proportion augmentait avec l'âge.
Le risque de chute est également très élevé si la personne âgée a déjà chuté dans l’année.
La population féminine est deux fois plus nombreuse à chuter que celle des hommes. Mais après 80 ans, les hommes et les femmes deviennent égaux face au risque de chute
Après une chute, la personne âgée peut également être dans l’incapacité de se relever seule. L’état de santé d’une personne âgée clouée au sol peut se dégrader rapidement surtout si elle reste au sol longtemps. Si cette chute occasionne une hospitalisation pour une fracture du col du fémur, un an après cet incident, 80% ne retrouvent pas leur autonomie antérieure, 40% sont incapables de marcher sans aide, 30% deviennent totalement dépendants et 20 à 25% décèdent dans l’année.
C’est dire l’importance d’être vigilant face à ce phénomène qui est l’une des premières causes de perte d’autonomie : 40 % des personnes âgées hospitalisées après une chute ne peuvent pas retourner à domicile et doivent être accueillies en institution.
Pourquoi ai-je plus de risque de faire une chute ?
Les facteurs les plus fréquents sont :
- L’âge, notamment après 85 ans
- L’absence d’exercice physique
- Une alimentation inadaptée ou insuffisante
- Une prise de médicaments tels que
- La dépression ou l’apparence de troubles cognitifs
- Les troubles moteurs et de la coordination
- Une consommation excessive d’alcool
- Les problèmes de vue
- Les facteurs environnementaux (décès du conjoint, immobilisation, isolement…)
Que puis-je faire pour prévenir les chutes à mon domicile ?
La bonne nouvelle, c’est que nous pouvons tous être acteurs face à ce risque qui ne concerne pas seulement les seniors.
Cette semaine, grâce à un document que j’ai découvert au salon des Seniors à Paris, je vous propose une liste pour faire un audit de votre maison ou de votre appartement et découvrir tout ce qui est potentiellement à risque. Si vous le souhaitez, je peux vous envoyer cette check-list par email pour que vous puissiez faire un audit chez vous ou chez vos proches.
C’est parti !
1/ Améliorer l’éclairage
- Les lieux de passage, couloirs et escaliers, sont-ils suffisamment éclairés ?
- Y a-t-il suffisamment de points d’éclairage pour éviter les zones sombres?
- Les interrupteurs sont-ils facilement accessibles ?
Sans vous éblouir, un bon éclairage est essentiel pour éviter tout obstacle. Vérifiez la puissance des ampoules, prévoir des détecteurs de présence dans les couloirs surtout pour le trajet chambre/toilettes lorsque vous vous levez la nuit.
2 / Attention aux tapis
- Y a-t-il chez vous un ou des tapis susceptibles de glisser ?
- Tapis ou moquette ont-ils des points d’usure ou des plis ?
Vous pouvez retirer ces tapis ou les fixer avec du scotch double face. Il existe aussi un antiglisse qui se met sous votre tapis pour l’empêcher de glisser sur le sol.
3/ Faciliter les déplacements
- Y a-t-il des fils (téléphone, électriques, d’antenne) qui traînent par terre ?
- Des petits meubles encombrent-ils les lieux de passage ?
- Certains meubles présentent-ils un angle saillant dans les endroits de passage ?
- Avez-vous une table basse en verre ?
L’idée c’est de retirer tout ce qui gêne vos déplacements dans les couloirs ou les pièces de vie (comme les plantes sur des consoles hautes). Multiplier les prises électriques pour supprimer les rallonges. Une table roulante peut vous aider à apporter les plats, la vaisselle pour mettre la table.
Dans votre chambre, le lit doit être posé à au moins 45 cm du sol. S'il est trop bas, vous pouvez le surélever en changeant les pieds. S’il est trop haut, il engendre des risques de chute pendant la nuit...
4/ Les ouvertures faciles
- Les portes s’ouvrent-elles et se ferment-elles sans frotter ni résister ?
- Même question pour les fenêtres, les poignées sont-elles faciles à manier ?
- Les volets du logement s’ouvrent-ils facilement ?
Pensez à graisser régulièrement les huisseries, faire rehausser les portes qui frottent, faire électrifier vos volets tout cela pour prévenir les douleurs au dos et aux bras. Des portes coulissantes sont aussi plus faciles à manipuler.
5/ Dans l’escalier
- La largeur des marches est-elle toujours la même ?
- Les marches sont-elles en bon état ?
- Les escaliers sont-ils en bois ciré ou vitrifié ?
- Les escaliers sont-ils munis d’une rampe solide ?
C’est le facteur de risque majeur…Privilégier un logement plain-pied n’est pas toujours possible, vous pouvez mettre un revêtement antidérapant sur les marches. Installez une chaise sur le palier pour vous reposer après avoir gravi les escaliers, vous pouvez aussi mettre une seconde main courante. Installer un monte-escaliers peut être une alternative pour rester dans votre logement actuel.
6/ Dans la salle de bains
- Si vous avez une baignoire, est-elle assez basse pour y entrer facilement ?
- Le sol est-il parfaitement antidérapant, surtout mouillé ?
- Pouvez-vous régler la température de l’eau ?
- La baignoire ou la douche sont-elles pourvues de barre d’appui ?
- Baignoire ou douche disposent-elles de bandes antidérapantes ?
Vous pouvez acheter des tapis antidérapants ou remplacer sa baignoire par une douche. Il est aussi possible d’ajouter un tabouret spécifique dans votre douche pour pouvoir faire sa toilette à son rythme, sans fatigue. Attention au sol de la salle de bain qui est souvent glissant après la douche.
7/ Dans la cuisine
- Vos casseroles ont-elles des manches solides, qui ne pivotent pas ?
- Votre cuisinière est-elle équipée de dispositifs de sécurité (coupe gaz) ?
- Votre four est-il à une hauteur confortable, permettant de sortir sans danger des plats chauds et lourds ?
- Le sol est-il parfois glissant, surtout mouillé ?
Renouveler votre batterie de cuisine, étudier un changement de revêtement de sol, mettre un antidérapant au bord de l’évier. La vaisselle (assiettes, couverts, ustensiles…) doit être à portée de main et facilement accessible.
Des meubles de cuisine placés trop hauts obligent à grimper sur un tabouret ou un escabeau, provoquant un risque de chute.
8/ Au jardin
- Si vous avez un perron, les marches sont-elles en bon état ?
- Balayez-vous ou faites-vous balayer régulièrement les feuilles?
- Avez-vous un endroit facile d’accès pour ranger les outils ?
- Les outils sont-ils régulièrement entretenus, graissés, vérifiés ?
N’hésitez pas à sous-traiter vos travaux de jardinage et profiter du crédit d’impôt. Installez un éclairage avec détecteur de présence près de la porte d’entrée et ajoutez une bande anti-dérapante sur les marches du perron. Ajouter une rampe peut aussi être un vrai plus.
Rater la marche d'une porte fenêtre pour aller sur votre terrasse expose à un grand risque de chute. Faites-en sorte que le rail soit intégré au sol. S'il ne peut l'être - en raison de travaux coûteux par exemple- essayez de le signaler visuellement, par une bande de couleur par exemple.
L'Agence nationale de l'habitat (Anah) offre un moyen de financement aux propriétaires, qu’ils soient occupants du logement ou bien bailleurs, pour entreprendre des travaux de rénovation du logement. Pour tester votre éligibilité et pour avoir plus d'informations rendez-vous sur leur site.
Sources :
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