Connaissez-vous les chic-ouf ? Chic ils arrivent, ouf ils repartent… et oui ce sont des petits-enfants dont il est question. Cette appellation a été inventée par Nicole Lambert, la créatrice de la bande-dessinée « Les triplés » et reprise dans le film « Joyeuse retraite ».
Même si nos parents sont ravis de garder leurs petits-enfants pendant les vacances scolaires, certains sont plus réticents lorsque cela devient récurrent. Par exemple, avoir sa petite-fille tous les mardis soir et chaque mercredi, cela peut vite devenir une contrainte lorsqu’on a encore une vie sociale très active. A être hyper disponible pour leur famille, ces jeunes séniors ne le sont plus pour leurs amis ni pour leurs activités… et qui se retrouvent seuls lorsque les petits sont devenus des adolescents ?
Comment les parents peuvent-ils savoir lorsque leurs parents sont réellement heureux d’accueillir leurs jeunes enfants régulièrement ?
Quelle est la limite à ne pas dépasser pour que ces moments de partage et de transmission de valeurs ne se transforment en corvées ?
Papy et Mamy à la rescousse
Lorsque les écoles ont été fermées trois semaines en avril dernier après avoir eu des périodes de fermeture selon le nombre de cas contacts, les parents se sont retrouvés à nouveau bloqués en télétravail avec leurs enfants. Contrairement au premier confinement, les grands-parents vaccinés ont été encouragés à accueillir leurs petits-enfants.
Si les conséquences de la pandémie mettent particulièrement en lumière l’importance des liens familiaux, faire garder ses enfants a toujours été une problématique pour les parents. Je l’ai vécu avec mes enfants lorsqu’ils étaient tout petits.
Nous habitions à plus de 6h00 de route de mes parents et de mes beaux-parents, l’éloignement nous imposait une organisation sans faille. Pendant les vacances scolaires d’août, les centres aérés comme la crèche étaient fermés et l’assistante maternelle en congés payés. Travaillant tous les deux dans l’hôtellerie sur l’Ile de Ré, nous ne pouvions pas poser de jours en pleine saison estivale.
Non seulement il fallait trouver une solution de garde sur ces trois semaines mais il fallait aussi faire l’aller-retour en Normandie pour aller déposer nos enfants si les grands-parents ne pouvaient se déplacer. De plus, il fallait se coordonner entre frères et sœurs pour ne pas avoir besoin des mêmes semaines de garde… Sans un bon système D, des collègues compréhensifs pour changer les jours de repos, une baby-sitter disponible, d’autres parents en mode dépannage ou des activités de loisirs ouvertes qui acceptent les jeunes enfants, nous n’aurions pas pu nous en sortir.
Je comprends aussi les petits-enfants qui ont la chance de résider à côté de Papi et Mamie d’avoir le réflexe de les réclamer plutôt que d’aller au centre de loisirs le mercredi… c’est tellement plus agréable et plus pratique pour les parents ! Quel gain de temps et d’énergie de pouvoir appeler sa mère à la dernière minute plutôt que d’avoir à poser une journée de congé auprès de son employeur pour garder son enfant malade.
Les nouveaux rôles d’une grand-mère ou d’un grand-père
Il y a en France plus de 15 millions de grands-parents.
Savez-vous que 64% des enfants de moins de 6 ans sont gardés occasionnellement par leur grand-père ou leur grand-mère ? (schéma UNAF). Ce sont des statistiques d’une étude de la DREES datant de 2018.
Les grands-parents assurent sur tous les fronts : ils gardent les petits-enfants sur les vacances scolaires 22 jours par an mais aident aussi financièrement leurs enfants (comme indiqué sur le schéma de Notre Temps) tout en prenant en charge leurs propres parents vieillissants !
Certains d’entre eux sont aussi présents 9h par semaine pour assurer une présence les mercredis, ce qui représente 16.9 millions d’heures de garde. Imaginez ce que cela représente sur le budget des parents et l’impact que cela aurait sur l’économie du pays s’ils se mettaient tous en grève…
En 2010, on devenait en moyenne grand-mère à 54 ans et grand-père à 56 ans, c’est encore loin de l’âge de la retraite. Certains jonglent entre leur vie professionnelle et cette nouvelle responsabilité.
Une grand-mère aujourd’hui n’a plus du tout le même rôle qu’il y a 30 ans. Je n’ai connu que mes grands-mères, je les appelais « mémère ». Elles étaient très attachées à la politesse, à l’aspect de notre tenue et notre éducation : un enfant, ça ne parlait que lorsqu’on lui posait une question !
Elles ne m’ont jamais lu des histoires ni accompagnée au cinéma, au zoo, ou au musée. Leurs vies avaient été très dures et même si ma grand-mère paternelle a su m’exprimer toute sa tendresse, les effusions de sentiments ne faisaient pas partie de leur éducation, c’était une autre génération.
Aujourd’hui, si la lecture, l’initiation à la culture ou la découverte de la cuisine font partie de ce que transmettent nos aînés, les parents d’aujourd’hui ont encore plus d’attentes. Ils sont attachés au bon suivi des devoirs, à une alimentation saine et bio si possible, à la continuité des activités sportives sans oublier la limitation de l’utilisation des outils numériques. Que celui qui n’a jamais cédé son Smartphone ou sa tablette à son petit-fils ou sa petite fille pour avoir la paix cinq minutes lève la main !
Le numérique, pourtant, peut être un bon moyen de garder le lien lorsque vous ne voyez pas vos petits-enfants régulièrement grâce à un appel en visioconférence sur WhatsApp ou sur Zoom. Cela permet d’entretenir des relations quotidiennes surtout lorsque les grands-parents sont éloignés géographiquement.
Garde d’enfants, savoir poser des limites…
Lorsqu’un divorce surgit, une situation ponctuelle de garde peut vite devenir une activité récurrente. Qui se sentirait capable de refuser de l’aide à son enfant lorsqu’il traverse une telle épreuve. Alors, mamie, granny, bonne-maman, mamoune, grand-maman ou mamina accourt et prend le relais.
Mais si cette situation peut durer quelques semaines le temps de s’organiser, si vous repérez ces quelques signes, c’est peut-être le moment de trouver une autre organisation :
- Vos enfants n’apprécient plus ce mode de garde.
- Votre mère ou votre père réagit mal lorsque vous récupérez vos jeunes enfants avec un peu de retard.
- Votre mère est plus nerveuse, anxieuse, elle craint qu’il arrive quoique ce soit aux petits.
- Vos parents contestent votre autorité, critiquent la façon dont vous éduquez vos enfants.
- Vous sentez que vos parents ne sont pas d’accord sur ce mode de garde régulier qui contraint leur emploi du temps mais ils ne l'expriment pas.
Avant que la situation ne s’aggrave, il est préférable de s’assoir et de faire le point.
En tant que grands-parents, vous pouvez poser des limites, penser à vous, à votre santé, à votre couple. C’est aussi expliquer combien on est ravis de jouer ce rôle de nounou occasionnellement mais qu’il est tout aussi agréable d’avoir de la visite « juste pour le plaisir ».
Les jeunes parents peuvent comprendre que leur père ou leur mère peut craindre de ne plus voir leurs petits-enfants s’il ou si elle refuse de les dépanner ce qui occasionne beaucoup de non-dits. J’ai lu de nombreux témoignages dans ce sens, la communication était tellement difficile que la grand-mère en question préférait accepter des gardes hebdomadaires qui la fatiguait plutôt que d’affronter sa fille sur ce sujet. Certaines histoires familiales peuvent être lourdes… Comme l’explique cet article de Fifty and me, garder ses petits-enfants est bon pour la santé mais il ne faut pas non plus en faire trop.
Avant d’arriver à cette situation, en tant que grands-parents, posez-vous les questions suivantes et discutez-en avec vos enfants :
- A quel moment êtes-vous disponible pour garder vos petits-enfants (un week-end par mois, une ou deux semaines l’été…plus ?)
- Prendrez-vous toute la fratrie ou préférez-vous ne garder qu’un enfant à la fois pour éviter les disputes ?
- De combien detemps avez-vous besoin pour réorganiser votre emploi du temps pour jouer les nounous de secours hors urgence absolue ? 24 h ? 48 h ?
- Quelles sont
vos conditions ? Ne pas gérer les devoirs scolaires ? Être libre sur le choix des repas ou des activités ? Être respectueux des horaires pour revenir chercher les enfants ? Faire participer les enfants aux tâches ménagères ?
En outre, pour anticiper toute urgence médicale, veillez à avoir une autorisation parentale pour faire hospitaliser votre petit-enfant et avoir une copie du carnet de vaccinations.
J'espère que cet article vous donnera l’occasion de revoir l’organisation des prochaines vacances de vos petits-enfants afin que vous puissiez en profiter pleinement et sans contraintes ! Poser ses limites grâce à ces différentes questions vous permettra de partir sur de bonnes bases.
Si vous souhaitez me poser des questions ou m’apporter vos témoignages, n’hésitez pas à le faire sur la page Facebook ou en commentaires sur le blog.