En 2030, la France connaîtra son Papyboom. Toutes les personnes nées à la fin de la seconde guerre mondiale arriveront à un âge où commence souvent la dépendance. Les personnes âgées de 60 ans et plus sont au nombre de 15 millions aujourd’hui. Elles seront 20 millions en 2030 et près de 24 millions en 2060.
Pensez-vous qu’il y aura une place pour chacun en Ehpad ou en maison de retraite sachant qu’il ne s’agira que d’un besoin momentané ? En effet, quel intérêt pour l’état ou le secteur privé de construire des établissements si ce n’est que pour une demande ponctuelle… l’étude de la démographie démontre que ce Papyboom sera un phénomène unique.
La solution à ce problème ? Pouvoir rester chez soi le plus longtemps possible en bonne santé et éviter les chutes en faisant intervenir un ergothérapeute.
Quel est le rôle d’un ergothérapeute ?
Lorsque j’ai rédigé les deux articles sur la prévention des chutes, je me suis basée sur ce que j’avais vu au Salon Trucs et Astuces initié par Elodie Loslier du C.L.I.C. et le SAG de Granville Terre et Mer.
François Willaert était parmi les professionnels présents en tant qu’ergothérapeute pour Ecoreso Autonomie qui est maintenant repris par Pep 50. Je l’ai rencontré cette semaine pour découvrir son quotidien. Ses clients ont en moyenne 75 ans et plus et vivent dans des zones assez isolées. François gère le secteur sud Manche
L’ergothérapie est une discipline qui date de 1976, née de la psychiatrie. C’est une thérapie « occupationnelle », du grec « ergos » qui signifie occupation. L’ergothérapeute vous aidera à conserver une activité domestique, quotidienne comme vous lever, faire votre toilette, vous déplacer dans votre logement (les « transferts ») mais aussi faire vos repas, avoir accès aux loisirs ou faire vos courses si cela fait partie de vos activités.
En effet, François n’a pas pour credo de vous faciliter la préparation de vos repas si vous n’avez jamais cuisiné. Il se basera sur vos activités principales, vos habitudes de vie et votre environnement pour faire son bilan. L’objectif c’est de maintenir un bon niveau d’activité, de conserver votre indépendance, de vieillir chez vous et non de vous imposer un style de vie.
Pour cela, François a appris au cours de ses nombreuses expériences professionnelles dans le milieu hospitalier, associatif, libéral, thermal comme dans les centres de rééducation fonctionnelle à écouter, à analyser chaque situation comme unique puis à conseiller de façon très personnelle les personnes qui font appel à lui. Il laisse ensuite toute latitude au client/patient pour suivre ou non ses recommandations, pas de jugements, pas d’obligations.
Pour atteindre ce résultat, il faut aimer passionnément son métier, être vraiment à l’écoute de la personne, de ses envies et de ses besoins. François me confiait que l’échange faisait la richesse de sa profession, chaque histoire est unique et lui apporte beaucoup d’enseignements.
Il aime nommer les « aides techniques » d’une façon plus humaine, un lit médicalisé devient un lit à hauteur variable, un lève-malade est un lève-personne… considérer les bénéficiaires comme des personnes autonomes au lieu de les traiter comme des êtres diminués, des impotents est une des clés pour faire accepter ce type de matériel chez soi.
Qui veut voir son domicile transformer en centre de rééducation ?
Il faut beaucoup de psychologie pour montrer que ce siège de bain vous permettra d’utiliser encore votre baignoire ou que cette barre de maintien dans la douche évitera de glisser et de rester plusieurs heures couché(e) sur le sol si vous n’avez pas la force suffisante pour vous relever. Mais le choix final, conscient, restera celui du client, pas celui de la famille ni même du professionnel.
L’ergothérapeute travaille efficacement lorsqu’il parvient à collaborer avec tous les acteurs du médical et paramédical (Kinésithérapeute, Orthophoniste, Infirmière, Neuropsychologue). Des réunions de coordination permettent de faire un bon suivi de chaque patient.
Comment se déroule un accompagnement ?
Les ergothérapeutes peuvent être mandatés par des organismes participant au financement de travaux d’aménagement du logement comme les caisses de retraite, l’ANAH - agence nationale de l’habitat- ou sur demande du médecin traitant (forfait bilan : 200€ en moyenne et environ 50€ de l’heure en prise en charge).
Ce sont souvent les assistantes sociales qui les contactent.
La clé de cet accompagnement est la rencontre au domicile de la personne. Après avoir longuement échangé sur des questions comme :
- Quel est votre âge ? votre situation de famille ?
- Êtes-vous locataire ou propriétaire de votre logement ?
- Que parvenez-vous à faire seul(e) ?
- Comment faites-vous votre toilette/habillage, vos transferts ?
- Sortez-vous ? Faites-vous vos courses ? Quels sont vos loisirs ?
- Qui intervient chez vous ? l’aide-ménagère ? L’aide-soignante ?
- Avez-vous mis en place le portage des repas ?
François proposera une sélection d’aides techniques qui peuvent aller de la barre de maintien au fauteuil roulant et établira un compte-rendu de visite. Si ces équipements sont acceptés, il en fera la commande et viendra les faire tester puis les laissera au domicile du bénéficiaire, c’est souvent à l’utilisation que le processus d’acceptation se met en marche.
Pour que cette intervention soit une réussite, le bénéficiaire doit être acteur de la situation. Si c’est un proche qui insiste pour qu’un déambulateur soit installé ou une barre de lit par exemple, cela ne fonctionnera pas. L’équipement sera mis de côté et tout cela n’aura servi à rien. Cela doit venir de la personne elle-même et c’est le cas dans seulement 50% des visites. Parfois la personne n’est pas encore prête et rappellera par la suite.
En conclusion de notre entretien, j’ai demandé à François quels seraient ses conseils pour éviter les chutes à domicile, les voici :
- Adapter votre environnement
- Adopter des chaussures fermées (pas de mules, pas de lacets…)
- Allumer la lumière pour aller aux toilettes la nuit ou avoir une lampe de poche si on ne veut pas réveiller son conjoint. Un détecteur de lumière peut être installé.
- Faire attention aux animaux domestiques qui sont sur votre passage
N’hésitez pas à demander à votre médecin traitant une visite d’un ergothérapeute à votre domicile pour faire un bilan et anticiper des chutes, qui je le rappelle, sont la première cause de décès accidentel chez les 65 ans et plus.
Je tiens à remercier François pour le temps qu’il m’a consacré, c’était un échange vraiment très riche, voici les coordonnées de Pep 50 Autonomie :
Pep50 Autonomie
12 rue de Tessy
50750 BOURGVALLEES
Tel 02 33 74 95 08
www.pep50.fr
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